Une rentrée décisive, une mobilisation de tous indispensable pour construire l’avenir
Si à chaque rentrée de septembre, on se dit qu’il faut reprendre le collier avec énergie, celle de 2016 sera marquée par son importance pour le monde de la complémentaire santé en général, et celui de la mutualité en particulier.
Je retiendrai de cet été deux informations significatives. La première est la réaffirmation, par Marisol Touraine, que la prise en charge de la santé a été améliorée en France pour tous les Français, répondant en l’espèce à un article critique du Figaro qui concluait le contraire.
Faut-il, une nouvelle fois, détricoter l’argumentaire ministériel. Celui-ci se base sur les comptes de la santé qui ont effectivement affiché, de façon globale, une diminution du reste à charge. Mais la globalité est loin de la réalité des situations vécues par les Français. En effet, précisons que pour le quotidien de la santé, les soins courants, la Sécurité sociale ne prend en charge qu’environ un euro sur deux. C’est la Cour des comptes qui nous le rappelle régulièrement.
La seconde information est plus confidentielle. Il s’agit d’une réflexion de Monsieur Antoine Durrleman, justement président de la 6e chambre à la Cour des comptes (1), qui s’interroge sur l’évolution d’un système de prise en charge de la santé, qu’il estime « extraordinairement brouillé » (2) tout en considérant que la généralisation de la complémentaire santé ne « s’inscrit pas dans une démarche globale de vision à terme de la protection sociale ». Plus grave, cette évolution acte « une forme d’échec de l’assurance maladie obligatoire de base à couvrir suffisamment un panier de biens et de services » et déstructure profondément le fonctionnement des opérateurs complémentaires.
Bref, comme nous le disons depuis trop longtemps, les pouvoirs publics se sont engagés, et nous ont enfermés, dans la voie d’un encadrement de plus en plus strict des activités complémentaires, sans jamais valider le bien-fondé et le bon sens de la démarche.
Mais ce qui donne à cette rentrée une tonalité si particulière, c’est bien l’ouverture des précampagnes présidentielles qui n’aura échappé à personne. Il y a cinq ans, la santé n’était que très peu présente, même si certains candidats évoquaient déjà la généralisation (on s’inspirait alors beaucoup du « modèle » du régime local). Avec la multiplication des candidatures à la candidature, on peut espérer que ceux qui voudront se démarquer s’intéresseront aux vraies questions posées par les citoyens. Et au premier rang desquelles, la santé.
Vous l’avez compris, il nous faut poursuivre le travail entrepris et peser dans les débats de l’automne, de l’hiver et du printemps… Plus que jamais, les mutuelles fédérées ont besoin de faire entendre leurs voix dans ces débats dont on peut douter qu’ils brillent par la connaissance des réalités. C’est ensemble que nous ferons avancer notre dossier.
Philippe Mixe Président de la Fnim
(1) Chambre s’occupant des dossiers de Sécurité sociale
(2) Regards – juin 2016, la revue de l’EN3S
25 avril 2016